Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Stage à Jerusalem
30 mars 2008

Vers Eilat à vélo (en partie)

Ilan m'en avait parlé au cours de la semaine : ça te dit de venir jusqu'à Eilat à vélo ? Si l'idée me tentait (traversée du désert et beaux paysages en perspective), j'avais quelque appréhension à me retrouver parmi des cyclistes aguerris et à devoir suivre leur rythme. Quand j'en parle à Emanuel, il est lui aussi interessé, ce qui m'arrange bien : son rythme sera sans doute moins épuisant que celui des autres cyclistes, plus proche du mien...

 

Jérusalem-Eilat, ça fait plus de 320 km. Le projet, c'est de partir très tôt le vendredi matin pour arriver à Mitzpe Ramon (dans le désert du Néguev) en fin d'après-midi. Le samedi : départ de Mitzpe Ramon pour Eilat, arrivée à Eilat en milieu d'après-midi, bain dans la Mer Rouge, puis retour en bus pour la plupart des cyclistes. Emanuel et moi, on réserve le bus pour le lendemain matin, histoire de profiter un peu plus d'Eilat.

P1030856

 

Ci-dessous, une carte illustrant l'itinéraire. Comme vous pouvez le voir, nous n'avons en réalité pas fait la totalité du parcours en vélo. Le groupe était constitué d'un ensemble de personnes qui ne se connaissaient pas forcément, réunies autour de trois cyclistes aveugles qui roulaient en tandem. Des cyclistes semi-professionnels ou du moins habitués à ce genre d'aventures. Avant de partir, j'ai dépensé plus que le prix du vélo pour le rendre apte au trajet : pneus plus effilés, "cornes" sur le guidon pour me permettre d'être plus droit, spray anti-crevaison à l'intérieur de la chambre à air, sacoches, changement du pédalier, achat d'une bouteille d'eau. En fait, pour ce qui est du groupe, chacun suivait son propre rythme, d'où un certain étalement. Notamment à l'arrière, avec moi et Emanuel à la traine : mon rythme était intermédiaire entre celui d'Emanuel et celui du reste du groupe, ce qui me permettait de prendre mon temps, de m'arrêter en haut des montées pour attendre Emanuel, regarder le paysage, prendre des photos et boire un coup. Comme on était à la traine, arrivait un moment où la voiture nous ramenait au niveau des autres ou plus en avant, jusqu'à être de nouveau bien derrière. On est ainsi arrivés les premiers à Mitzpe Ramon et les deuxièmes à Yotvata, où s'est terminé notre périple à vélo (les autres ayant fini en voiture). Si cette organisation et ce groupe qui semblait vouloir aller au plus vite sans prendre le temps de regarder la route ont pas mal fait râler Emanuel, j'ai pleinement profité du voyage, à mon rythme ! Le désavantage d'être avec des gens qui veulent aller vite est que l'on suit les grandes routes, ce qui n'est ni le plus rassurant, ni le plus agréable...

On part donc alors qu'il fait encore nuit : on ne voit pas grand chose, puis le ciel devient plus clair, une brume couvre la campagne autour de Jerusalem. On traverse un instant une odeur d'eucalyptus, un renard s'écarte de notre chemin. Le soleil se lève sur un paysage très vert : champs, vignes. On croise de plus en plus de camions, certains très imposants (type truck américain), l'un d'eux sent très fort le vin... Des arches romaines sur le coté de la route à un endroit, des amas de cactus pouvant indiquer la présence d'un village arabe avant 1948.

P1030774

P1030836

On arrive vers midi à Be'er Sheva. En approchant, le paysage devient de plus en plus sec. Dans la ville elle-même, beaucoup de bâtiments très récents (terrasses, vitres), mais aussi de vieilles maisons arabes. Beaucoup de russes, dont certains ne parlent pas hébreu. C'est le jour du marché, on va y faire un tour, on prend un falafel.

P1030891

P1030908
Le fleuve de Be'er Sheva : vue depuis le pont

A Be'er Sheva a été installée une grande université, histoire de désenclaver un peu la ville, ce qui a plutôt bien marché. A la sortie de Be'er Sheva se trouve une prison, de l'autre coté de la rue des installations bédouines : tôles, tentes, enclos pour moutons, le tout un peu délabré, rudimentaire, quelques bâtiments en dur. Avant Be'er Sheva, on avait pu apercevoir une ville construite pour sédentariser les bédouins.

Le paysage est de plus en plus sec : dunes, quelques herbes, petites crevasses avec des wadis (cours d'eau asséchés). La terre creusée en cuvette permet par endroits un petit cercle de verdure, avec des arbres et de l'herbe. Des champs et des serres, malgré tout.

Puis c'est vraiment le désert : plus d'herbes, juste du sable et des cailloux. On peut néanmoins voire pas mal de choses insolites dans le désert : une autre prison, "haute sécurité", un observatoire astronomique près de Mitzpe Ramon, des maisons neuves (dans une oasis), un ashram, tout le long de la route des lignes haute tension, des canalisations d'eau, dont des vannes sortent de terre à intervalles réguliers, entourées d'un carré de grillage (approvisionnement d'Eilat ?) : même une fontaine au milieu du désert à un endroit ! Des bases militaires, notamment au sud de Be'er Sheva, un dépôt de carcasses de jeeps militaires, des camions lance-missiles (Missiles Patriot : bouclier anti-missile), des pseudo-constructions urbaines en béton pour l'entrainement des militaires. Des chameaux surgis de nulle part, avec deux enfants bédouins, des arrêts d'autobus au milieu du désert, quelques voitures, des 4x4, des voitures portant des vélos retournant vers le nord. Des moutons qui se confondent avec les roches près de Mitzpe Ramon.

P1030915

P1030929
Arrêt de bus au milieu du désert (non, il n'y a rien de plus de l'autre coté de l'appareil photo !)


P1030931
(Cliquez sur l'image pour des vidéos)

 

 

Mitzpe Ramon se situe juste au bord d'un immense cratère creusé par l'érosion : le paysage est magnifique ! Roches rouges, ocres rouge, jaunes sable, noires, blanches. Couches géologiques qui ondulent, à la dureté qui diffère : certaines sont saillantes, d'autres plus sablonneuses. Des falaises verticales et rectilignes, des plateaux étroits : on se croirait un peu au Grand Canyon en Arizona. Dans wikipedia, il est écrit: "énorme cirque d'érosion karstique connu sous le nom de cratère de Ramon (Makhtesh Ramon)" et pour ce qui est du karst: "Le karst est un paysage façonné dans des roches solubles carbonatées. Ce n'est pas une roche mais bien un paysage qui peut se développer dans le calcaire (principalement), le marbre, la dolomie ou encore la craie. Les paysages karstiques sont caractérisés par des formes de corrosion de surface, mais aussi par le développement de cavités par les circulations d'eaux souterraines."

P1030955

P1030962

Comme on arrive avant les autres, on se promène en surplombant le cratère : c'est vraiment impressionnant ! Après un repas à l'auberge de jeunesse (dont les fenêtres donnent sur le cratère), on se couche assez tôt pour être en forme dès le matin.

On commence par la descente du cratère : la route serpente assez abruptement, et on se retrouve ensuite au milieu du cratère. Une légère brume matinale estompe les montagnes.

P1040008

P1040026

Puis c'est de nouveau le désert, avec plus de montagnes qu'avant de Mitzpe Ramon : pas aussi haut que des montagnes, mais au formes dentelés, abruptes.

P1040048

P1040043
Un kibboutz qui fait de la recherche sur les milieux extrêmes, au milieu du désert.

On a le vent de face, ce qui ne facilite pas les montées et descentes incessantes : la route est néanmoins plus facile que la veille. Ce vent deviendra insupportable en arrivant dans la vallée qui mène à Eilat où, redoublant d'intensité, il emportera le sable qui frappera contre le visage, les yeux.

P1040064
En bas : la vallée qui mène à Eilat, avec un gros nuage de sable.

P1040071

Au moment où l'on surplombe la vallée, la vue est magnifique. On aperçoit les plantations en contrebas. On est alors les premiers (grâce à la voiture), l'on mange et l'on se fait doubler par un des tandems : pas un seul regard sur la vallée !

yotvataUne fois dans la vallée, la progression est assez pénible. La voiture nous a emporté bien en avant, loins devant les autres cyclistes. Finalement, elle les emmène aussi à Yotvata, où on les rejoints. Il s'agit du premier kibbutz installé dans cette partie sud d'Israël, en 1957, l'un des kibbutz qui a le mieux réussi : grand producteur de laitages, on trouve son sigle partout en Israël. Symbole des pionniers qui s'installaient dans le désert. Aujourd'hui, les kibbutz ont perdu pas mal de leur fonctionnement initial, victimes en quelque sorte de leur succès. Si aux premiers temps d'Israël, la pauvreté des nouveaux immigrants justifiait une mise en commun des biens, dans des structures comme les kibbutz (cantine commune, dortoirs parfois, enfants élevés ensemble pendant que les parents travaillent, pas de biens personnels ou de manière limitée), les kibbutz et les gens qui y vivaient se sont enrichis. D'où l'envie d'accéder à plus de propriété privée, à plus de confort personnel, etc.

P1040078

On est ensuite véhiculé jusqu'à Eilat : je me baigne dans la Mer Rouge à deux reprises ! La deuxième fois, c'est que j'ai rencontré de nouveau un cycliste norvégien qui a fait route avec nous, juste au moment où lui allait se baigner, alors j'en ai profité pour y retourner aussi. Le soleil se couche et illumine un peu les montagnes ocres rouge qui entoure l'anse au niveau d'Eilat. Aqaba, en Jordanie, est extrêmement proche. Un immense drapeau jordanien flotte au dessus des maisons (comme à Amman, mais en plus petit). Mais déjà, la plus grande partie des montagnes que l'on peut voir est en Arabie Saoudite (l'accès de la Jordanie à la Mer Rouge est limité à Aqaba et aux 12 km en dessous d'Aqaba) : ça fait bizarre de se dire ça. De l'autre coté, on aperçoit avec difficulté les montagnes du Sinaï égyptien. Trois pays si proches : Jordanie, Egypte et Arabie Saoudite.

P1040097

P1040088
(Cliquez sur l'image pour des vidéos)


Ce qui surprend à la plage d'Eilat, c'est d'abord l'étroitesse de la plage : les terrasses, les chaises longues s'avancent jusqu'à un petit muret contre lequel les vagues arrivent presque. Une autre particularité: l'aéroport est au centre ville même. L'unique piste vient buter presque contre la plage, les gens sortent de l'aéroport, ils sont à 50m de la plage et du centre ville. Grands hôtels très kitsch mais pas forcément moches le long de la plage, jusqu'à la frontière jordanienne. On dirait pour certains des châteaux des 1001 nuits, avec des tourelles aux formes arabes, des balcons, des fontaines. On entend parler français presque autant qu'hébreu !


Lundi matin : retour à Jerusalem en bus. D'abords les paysages désertiques du Neguev, puis la Mer Morte, Massada. Les hôtels d'Ein Bokek sur la Mer Morte, les vaguelettes cristallisées à certains endroits au sud de la Mer Morte. La terre comme cristallisée aussi, recouverte d'une sorte de givre salé par endroits. Usine de potasse, d'extraction du magnésium. Puis la route qui longe le nord de la Mer Morte, que je connais déjà : Ein Guedi, le désert de Judée, les chameaux sur le bord de la route, et enfin Ma'ale Adumim qui annonce Jerusalem. Ma'ale Adumim, c'est la grande colonie à l'est de Jerusalem, que les israéliens considèrent comme une ville (50 000 habitants). Problématique : si la ville a été construite sur des terrains vides, elle pose néanmoins le problème de l'intégrité du territoire du futur État palestinien, dans la mesure où elle constitue un prolongement de Jerusalem qui sépare Ramallah de Bethlehem, et plus généralement accentue la division entre le nord et le sud de la Cisjordanie. Construite en haut des collines, Ma'ale Adumim est très visible : bâtiments récents, en hauteur, qui contrastent avec l'immobilier palestinien. Celui-ci n'est pas en hauteur, dans la mesure où l'importance donnée à la construction et à la légation de la maison (bien familial) limite la construction d'immeubles, où plusieurs familles se côtoient. Des immeubles se construisent tout de même de plus en plus, à la fois sous l'influence israélienne, mais aussi du fait des restrictions faites aux constructions arabes. Les maisons arabes ne sont traditionnellement pas non plus au sommet des collines ; elles se trouvent plus au flanc de celles-ci.

Publicité
Commentaires
P
Bedankt voor je jerusalemkaart. Wat leuk dat je het zo zichtbaar naar je zin hebt. Prachtige foto's met de Mattheuspassion op de achtergrond. het is merveilleux!<br /> Hier horen we allerlei oorlogsberichten, zoals de bouw van nederzettingen en raketbeschietingen en jij rijdt zomaar op je fietsje naar Eilat. <br /> Mijn idee van Israël is een parkeerplaats waar de gids vertelt dat het Golgotha is. Maar misschien zit ik er helemaal naast.<br /> Net heb ik vier dagen dienst gedaan in het verpleghuis en ben niet thuis geweest. Vanavond was een goed moment om mijn correspondentie op orde te brengen.<br /> Jonathan we wensen jou een hele goede tijd in Israël en zullen dankbaar je foto's bekijken. Hartelijke groet, Pieter Laban
Publicité