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Stage à Jerusalem
30 avril 2008

De retour en Israel

Me voilà donc de retour en Israël après 10 jours passés en France. Je suis arrivé mardi matin vers 1h du matin dans ma chambre (heure locale, soit minuit heure française). Compagnie dans l'avion d'un couple de juifs pratiquants (pas orthodoxes) d'origine française, qui m'ont immédiatement invité pour chabbat chez eux. Ils ont fait leur Allyah très récemment (elle il y a trois ans, lui il y a six mois après avoir habité une année sabbatique en Israël). Lui habite dans une colloc au nord de Tel Aviv, où ils organisent des repas de chabbat le vendredi soir. A la sortie de l'aéroport, je trouve tout de suite un sherut qui me conduit devant chez moi sans détour (je suis le deuxième à me faire déposer parmi la dizaine de personnes qu'il y a dans le minibus).

Le lendemain, je décide de ne pas aller au boulot et d'aller me promener vers le centre ville. Avant tout, je me fais couper les cheveux : court, et en plus le coiffeur me met du gel. J'ai une tête assez inhabituelle, vous pouvez imaginer. Juste pour vous donner une idée, voici encore une photo comme vous n'en verrez pas 36 (sans le gel, c'est court, mais pas aussi bizarre - à noter aussi : je ne suis pas sûr qu'avec tous ses instruments, le coiffeur ait fait mieux que ma mère).

P1040517

Je vais ensuite faire un tour dans la Vieille Ville, dans le quartier musulman (vers la vallée de Jehosaphat, à l'est). Vous n'allez peut être pas me croire, mais je n'y étais pas encore allé, comme je n'avais pas encore fait le tour des remparts. Je rentre dans la vieille ville par la "New Gate", au coin nord-ouest, près de la rue de Jaffa. Cette porte a été ouverte à la toute fin du XIXième siècle pour un accès plus pratique du quartier chrétien (hospices et hébergements des pèlerins pas très loin, en dehors de la Vieille Ville). Scellée après la partition de Jerusalem à la fin de la guerre d'indépendance d'Israël (la Vieille Ville en Jordanie, la partie ouest de Jerusalem en Israël), elle fut réouverte en 1967. Elle donne à proximité du Patriarcat Latin de Jérusalem, un ensemble de bâtiments assez grand et se situe non loin du Saint Sépulcre. Je suis les ruelles qui zigzaguent entre les bâtiments de pierre ocre jaune (tous les bâtiments de Jerusalem sont construit ou revêtus de cette pierre, comme le stipule une loi datant du mandat britannique visant à conserver l'unité architecturale de la ville), en me dirigeant vers l'est, la porte de Damas et le quartier musulman. Souks affairés, hauts en couleurs. Tout d'abords, dans le quartier chrétien, dans les ruelles adjacentes au Saint Sépulcre : keffiehs, robes brodées, eaux bénites, encens, épices, cierges, croix de tous matériaux, kippas, t-shirts aux motifs de l'armée israélienne, de la Palestine, faïencerie arménienne (bleu et blanc), marquetterie (jeux d'echecs, boites), narguilés, disques, coussins, cartes postales, images de Jerusalem, d'Israel, cartes indiquant les lieux saints de la région (et il y en a beaucoup, vous pouvez imaginer), couteaux recourbés arabes, bijoux. Puis, en s'approchant de la porte de Damas : vendeuses d'herbes aux visages ridés, dents manquantes, assises par terre derrière leur sac où se trouvent les feuilles de vigne et autres herbes, toujours des épices, des dvds, chaussures, vêtements, des femmes voilées qui achètent des soutien-gorges, des enfants qui chapardent des bonbons. Baklavas et autres pâtisseries, sucreries en tout genre, boucheries avec les veaux accrochés à des crochets en guise de vitrine, jouets pour enfants : poupées, pistolets en plastique, petites voitures, etc. De l'électronique, des appareils électroménagers, des cybercafés, des fruits et légumes, de plus en plus de fruits et légumes. Je me fais aborder par un salafiste qui me parle d'Allah et qui me laisse deux petits fascicules sur les préceptes de l'Islam. Bien barbu et couvert d'une sorte de grande kippa blanche, comme il se doit.

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Plan schématique de la Vielle Ville de Jérusalem (orienté comme il faut, vers le Nord)

Je continue vers l'est, j'arrive à la porte d'Herode, où se concentrent encore des échoppes : fruits et légumes, herbes, cafés surtout. Cette porte, comme la porte de Damas, donnent sur le quartier arabe au nord de la vieille ville, très vivant. Puis toujours vers l'ouest, vers la porte des Lions. Juste avant se trouve l'église de Saint-Anne (qui était la mère de Marie), construite à proximité de la piscine de Bethesda. En plus de piscines déjà existantes, d'autres furent ajoutées au troisième siècle avant JC. Elles étaient utilisées pour le service du Temple (laver les moutons avant leur sacrifice), ce qui leur conféra une dimension sacrée, des invalides y venant dans l'espoir d'être guéris. Elles sont mentionnées dans le Nouveau Testament, car Jésus y aurait guéri un homme. A cette symbolique s'en ajoute une autre à partir du VIième siècle : ce serait là que les parents de Marie auraient vécu et là où elle serait née. L'église byzantine qui y est bâtie s'appelle en conséquence Sainte Anne. L'église que l'on peut voir aujourd'hui est une église croisée du XIIième siècle (construite entre 1131 et 1138) : style roman.  Son acoustique est renommée, et c'est vrai que quand j'entre dans l'église, une femme chante un chant religieux qui sonne vraiment très bien. Des fouilles des piscines ont mis au jour les ruines de l'église byzantine, ainsi que les restes d'un temple romain au dieu de la médecine. Je n'avais pas mon appareil photo avec moi, mais je vous met tout de même une photo trouvée sur internet (si j'avais eu mon appareil, il y aurait sans doute eu la même photo, à peu près) :

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Le drapeau français flotte sur l'église, qui appartient aux "pères blancs" (missionnaires en Afrique) : le terrain fut donné à la France en 1856, après qu'elle ait soutenu l'empire ottoman lors de la guerre de Crimée contre la Russie. Elle était alors abandonnée, après avoir servie un temps d'école théologique musulmane (à partir de 1192 sous Saladin - remarquez que c'est bien peu de temps après la fin de sa construction, en 1138).

Je sors de la Vielle Ville par la porte des Lions (des lions sont gravés des deux cotés de la porte) pour me retrouver dans le cimetière musulman. Vue magnifique sur le Mont des Oliviers dans un calme incroyable. Il fait beau, avec un petit vent : c'est vraiment beau !

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(Encore une photo trouvée sur internet)

Je fais ensuite un peu d'escalade pour me retrouver sur les remparts et je les suis jusqu'à la porte de Jaffa. Vues sur toute la Vieille Ville, on voit les cours des habitations du quartier arabe, où le linge est en train de sécher. Les réservoirs d'eau au dessus des maisons, une mosquée complètement cachée derrière les maisons près de la "New Gate", des terrains de sports d'où les garçons m'interpellent, l'espace entre le mur et les maisons souvent utilisé comme courette où l'on entrepose toutes sortes de choses. A là porte de Jaffa, impossible de descendre des remparts : la porte est fermée. Il me faut retourner jusqu'à la Nouvelle Porte, où un tourniquet permet de descendre (mais pas de monter : on ne peut théoriquement monter que depuis la porte de Jaffa, manifestement).


Je vais ensuite faire des courses avec ma voiture. Elle manque de liquide de refroidissement : heureusement que je le vois avant de démarre. Il faudrait que je vois un peu pourquoi, c'est pas terrible : j'espère qu'il n'y a pas de fuite trop sérieuse. Repas copieux avec des brochettes surgelées pas mauvaises, des pâtes et des haricots verts surgelés : nettement mieux que ceux en conserves.


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Mais revenons en arrière : je suis arrivé à Paris le vendredi 18 avril tôt le matin, sans avoir spécialement dormi de la nuit (petit déjeuner à 3h du matin dans l'avion). La veille : journée de colloque à l'Institut Weizmann de Rehovot (près de Tel Aviv). Séminaires d'astrophysique et de cosmologie organisés par et pour des étudiants (thésards, postdocs). Certaines intéressantes (notamment celle d'Elad, sur ce sur quoi je travaille moi aussi !), d'autres un peu soporifiques. Les séminaires étaient ponctués par des pauses café avec des patisseries salées et sucrées (c'est bientôt Pessah : il faut en profiter avant le régime de matzot), différentes sortes de thé. Tout était pris en charge par le département d'astrophysique du Weizmann Institute, y compris le buffet de midi : saumon, aubergines, salades de pâtes, concombres, tomates, gateaux, fruits,...


Statistiques pour le séminaire : 30 personnes, dont 8 femmes, une kippa. A mettre en regard avec les statistiques du séminaire du département de physique : 43 hommes, 2 femmes, 6 kippas, 11 calvities, 15 grisonnants, environ 22 lunettes. Plus jeune (normal), plus de femmes (même si la parité c'est pas encore ça) : peut être à tempérer néanmoins dans la mesure où il est fort possible qu'une partie des femmes disparaisse entre 30 et 40 ans (vie de famille, enfants,...). Justement, l'une des 8 femmes est enceinte.


L'Institut Weizmann (crée en 1934 par Chaïm Weizmann) est l'un des principaux centres de recherche en Israël. La recherche israélienne semble essentiellement tournée vers les biotechnologies et l'informatique, ce qui n'empêche pas une très bonne communauté d'astrophysiciens (mais peu nombreuse). A noter qu'Israël consacre 4,8% de son PIB à la R&D civile, le taux le plus élevé de tous les pays de l’OCDE (la France consacre 2,13% de son PIB, la Suède 3,86%), dont 30% sont affectés aux sciences de la vie. Quelques chiffres : avec près de 10 000 doctorants formés annuellement en Israël, Israël se place au premier rang au monde par le nombre de scientifiques et techniciens relativement à la population active (145 pour 10 000 - pour information : Etats-Unis 85, Japon > 70, Allemagne < 60) ; rapports per capita de publications scientifiques et nombre de brevets per capita les plus élevés au monde ; 24% de la population active titulaire d'un ou de plusieurs diplômes universitaires (troisième position après les États-Unis et les Pays-bas). Chiffres trouvés ici, où l'on peut aussi lire, concernant l'astrophysique :

"www. thompson. com,site d’une compagnie spécialisée dans l’analyse des performances scientifiques, présente des statistiques intéressantes quant aux positions d’Israël par discipline. Les données pour la période de 1998 à 2000 indiquent que le pays se situait au premier rang en astronomie et en astrophysique : 1,32% de toutes les publications en astronomie et astrophysique, alors que les articles israéliens dans ces domaines sont cités avec une fréquence de 50% supérieure à la moyenne. L’Université hébraïque de Jérusalem se tient au premier rang parmi toutes les institutions de recherche du monde dans ces domaines."

Quelques contributions (introduction de l'article déja cité) : "Les tomates en grappe et les tomates cerises, l'avocat, la dinde, l'irrigation par le goutte-à-goutte, « les cartes intelligentes » pour l’accès contrôle aux émissions de télévision transmises par satellites, les processeurs d’ordinateurs Pentium III et Centrino, le téléphone cellulaire et ses nombreuses applications, le « chat » sur Internet, Zip-Unzip, des médicaments contre les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, la sclérose en plaque, certains cancers, de nombreux « kit » diagnostic, des prothèses cardio-vasculaires, la méthode Feldenkrais, le hamster syrien… et un raton laveur." (Introduction qui suscite quelques interrogations sceptiques, mais tout est expliqué dans l'article ; pour ce qui est de l'informatique, voir eventuellement ici). A cela s'ajoute bien des choses dans le domaine des biotechnologies et un très grand dynamisme des startups en informatique. Les start-up et les biotechnologies, c'est un peu les deux grandes fiertés du pays : en arrivant à Haïfa, on m'a dit tout de suite que c'est là que furent mis aux points les processeurs Centrino d'Intel.

L'Institut Weizmann est plein de verdure, avec des jardins bien entretenus et agréables (un peu comme à l'Université Hebraïque). Un batiment blanc aux formes arrondies et tout en hauteur attire l'attention : il s'agit d'un accélérateur de particules vertical dépendant du centre de physique nucléaire !

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L'accélérateur Koffler de nuit (Wikipedia)

Du Weizmann Institute, je me rends directement en train à l'aéroport, qui n'est pas très loin. Longue attente : les séminaires ont fini à 18h, mon avion est à 1h20. Je peux néanmoins passer quelque temps au telephone, branché sur le réseau wifi de l'aéroport. J'arrive le vendredi matin à 5h40, attendu par mes parents et Marie. Je rentre à la maison : plein de choses à déballer, à montrer. Journée calme, fatigué après la courte nuit : dire que je m'apprêtes à remettre ça le lendemain...


Le samedi, on fête l'anniversaire de ma sœur : 20 ans ! Lever tard, préparation de la nourriture et notamment des sushis : une quinzaine de rouleaux ! Hannah épluche machinalement 2 kg de carottes dont je fais des frites : toutes seront mangées ! Fête : surtout des amis de Hannah, mais aussi à moi. La plupart des gens partent avant minuit, quelques uns restent toute la nuit, pour partir vers 7h après un certain nombre de parties de loup-garou et un nanard un peu minable (même pas si drôle) : Erik le Viking. Un groupe de vikings à la recherche du soleil... quelques passages marrants malgré tout.


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Et comme vous avez eu droit à la photo de mes cheveux laqués, voilà maintenant une photo de moi avec mes cheveux courts et sans gel. Le temps de l'écriture rejoint le temps du récit, après maintes digressions anti-chronologiques. Conflit entre narration chronologique et anti-chronologique, ou ni l'un ni l'autre : voilà une caractéristique remarquable des blogs...

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Un peu bizarres, ces cheveux en hauteur (un peu coupés : heureusement ?)


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Commentaires
F
verschrikkelijk !!!
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