Via Dolorosa

Journée religieuse aujourd'hui : je parcoure la Via Dolorosa, le chemin que Jesus aurait emprunté avec sa croix jusqu'au mont du Golgotha, avant sa crucifixion. La rue est marquée par des "stations", qui correspondent à des évènements relatés par les évangiles. Station I : Jésus a été interrogé par Ponce Pilate et condamné ; station II : Pilate a montré Jesus à la foule ; station III : première chute ; station IV : jesus appercoit sa maman ; station V : Simon aide Jesus à porter la croix ; station VI : Véronique essuie le visage de Jesus ; station VII : deuxième chute ; station VIII : Jesus rencontre des femmes pieuses ; station IX : troisième chute. Le circuit aboutit au Saint Sépulcre, où se situent les cinq dernières stations. Station X : Jesus est dépouillé de ses vêtements ; station XI : Jesus est cloué à la croix ; station XII : Jésus meurt sur la croix ; station XIII : Jesus est déposé dans les bras de sa mère ; station XIV : mise au tombeau. Un peu morbide comme parcours ; personnellement, ça me parait bizarre que le tombeau soit à trois pas du calvaire. Il semble que le lieu fut assez tôt un lieu de dévotion pour les chrétiens, d'où l'idée que ce serait là que ce serait passé les derniers instants de la vie de Jesus, comme le lieu (autrefois hors des murs de la ville) pouvait correspondre aux descriptions des évangiles. On attribue souvent à Hélène, la mère de l'empereur Constantin, la construction d'églises sur les lieux supposés de la vie de Jesus, 300 ans après la mort de Jesus.

Station I : monastère franciscain de la Flagellation

Mosaïque : la foule regardant Jésus se faire maltraiter ; le dôme : une couronne d'épines

De l'autre coté de la rue, un collège offre une belle vue sur le Mont du Temple. Comme c'est vendredi, beaucoup de famille se promènent.

Le collège

Flot de personnes sortant de la prière du vendredi

Eglise arménienne, avec une sorte de mini église à la place de l'autel

Station IX : entrée d'un monastère copte

Le Saint Sépulcre

L'intérieur

Lieu où Jesus aurait été crucifié : les gens s'accroupissent sous l'autel (partie orthodoxe grecque)

On peut remarquer les femmes russophones dont la tête est couvert d'un foulard : il y en a beaucoup à visiter le Saint Sépulcre.

Pierre où Jésus aurait été oint avant la mise au tombeau : ce n'est pas la bonne pierre, mais la ferveur n'en est pas altérée

Je me rends ensuite juste en dehors des murs, sur le Mont Sion. Pour les chrétiens, ce serait là, dans une pièce au premier étage d'un bâtiment,  que Jesus et ses disciples se seraient réunis pour Pessah : ce serait donc le lieu de la Cène. Un monastère de la Dormition rappelle la "mort" de Marie, qui serait montée au ciel avec son corps. (Et ça continue dans la morbidité ?) La chambre a été transformée un temps en mosquée, d'ou un mihab. C'est aussi sur le mont Zion qu'est enterré le roi David, l'auteur des Psaumes.

Et pour finir la journée, après avoir parcouru la Via Dolorosa et vu la sortie de la prière du vendredi, je vais écouter les chants qui accueillent le chabbat au Mur des Lamentations. La nuit n'est pas encore tombée, peu à peu, l'esplanade se rempli de juifs religieux en noir : chapeaux, caftans, chapeaux de fourrure... Ils se balancent en murmurant leurs prières, la tête parfois enfouie dans le Mur.

Bar arabe dans la soirée avec Emanuel et sa copine Hannah. Emanuel peste avec raison contre le parti Shaas, le (petit) parti religieux des juifs orientaux. Le parti est dirigé par un "sage", le rabin Ovadia, et se caractérise par une politique sociale qu'on pourrait rapprocher de celle du Hamas : les séfarades en Israel sont une minorité plutôt pauvre, le parti prône plus d'aides sociales, plus d'allocations familiales, plus de financement aux écoles religieuses. Le Shaas fait partie du gouvernement de coalition aujourd'hui et menaçait de quitter la coalition si le premier Ehud Olmert commençait à évoquer le statut de Jérusalem dans son dialogue avec Mahmoud Abbas, ce qui a été fait. Mais comme le grand sage Ovadia voudrait que son fils soit grand rabbin d'Israel, il préfère rester dans la coalition au gouvernement pour pouvoir magouiller. Il a visiblement écrit un article là dessus, sans s'en cacher, dans un des journaux israéliens. Une certaine conception du pouvoir et de la religion...

N'empêche qu'il y a de quoi pester contre les juifs religieux, qui vivent complètement en dehors de la société israélienne, comme au Moyen Age. Ils ne participent pas au service militaire, vivent ensemble dans certains quartiers qui préservent leur intolérance, ne travaillent souvent pas (les femmes travaillent parfois, ou sinon, ils reçoivent de l'argent de l'étranger), font pleins d'enfants (ce qui n'améliore pas leur niveau social) et vivent complètement dans leur bulle, passant leurs journées à prier et à étudier le Talmud. Les allocations familiales ont été drastiquement diminuées récemment : plus possible pour eux de vivre de celles-ci  en faisant pleins d'enfants ! Cela pourrait annoncer la fin d'un état de grâce accordé  à cette minorité, dont le statut est lié à l'ambigüité fondamentale d'Israel : entre la revendication d'un caractère "juif" (et alors, comment le définir ? Un peuple ou une religion ? Rapport ambigu entre les deux, dans la mesure où d'une certaine manière, la religion juive fut la religion du peuple hebreu, comme un ensemble de pratiques, de traditions et de croyances propre à ce peuple, mais qu'à l'opposé, la religiosité n'est pas nécessaire pour appartenir à cet ensemble culturel - les juifs athées, ça existe) et l'idéal d'une société laïque...

Pour plus de photos : Via Dolorosa

Comments

[Jonathan]

Je viens de lire cela :
"Le Centre israélien pour la Démocratie a publié des chiffres selon lesquels 51% de la population juive du pays se définit laïque, 30% traditionaliste, 10% religieuse, et 9% orthodoxe. "