Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Stage à Jerusalem
24 février 2008

Jordanie

Je me suis donc inscrit jeudi pour un voyage en Jordanie du 22 au 24 février. Ça n'était pas donné, mais je ne me voyais pas y partir tout seul, sans y avoir jamais mis les pieds. Je voyage avec un couple venant du Costa Rica - ils sont en Israël pour trois mois pour une sorte de stage à l'hôpital Hadassah de Jérusalem -, et durant les deux premiers jours avec une mexicaine et ses deux enfants (elle aussi en Israël pour pratiquer la médecine : il semble que la réputation d'Israël dans ce domaine soit très bonne). Je me suis plutôt très bien entendu avec les deux costa ricains, on pense même à aller se ballader ensemble en Israël.

Itinéraire
Premier jour : Passage de la frontière au Sheik Hussein Bridge, Visite de Jerash, nuit à Petra
Deuxième jour : Visite de Petra, nuit à Amman (ça en fait de la route !)
Troisième jour : Tour d'Amman, Madaba : la mosaïque représentant la Terre Sainte, Mont Nebo, retour par Allenby Bridge

jordanie1

Le bus fait un détour par Tel Aviv pour ensuite traverser la Galilée et arrivée au poste frontière près de Beit She'an : Jordan River border Crossing. On traverse les champs verts de la Galilée, très grands, on passe devant un certain nombre de villages arabes, dont les maisons sont construites à même les pentes des collines. De riches maisons avec des crénaux (terrasse sur le toit) et des colonnes sont en train d'y être construites. Plaines de Megiddo, où devrait se dérouler la dernière grande bataille de l'Histoire avant l'Apocalypse (en hébreu Har Megiddo, ou Armagedon). Char Merkava sur une remorque dans une station service, énormes systèmes d'irrigation dont les tuyaux traversent les champs, de plus en plus de collines vers l'est.


On doit attendre un certain temps à la frontière, le temps d'accorder le droit de sortie à un groupe de druzes : trois hommes, une femme. Deux des hommes portent d'épaisses moustaches, l'un avec un chapeau blanc (type tarbouch ottoman), l'autre une sorte de kippa multicolore sur fond blanc. Femme habillée de noir, voile blanc jusqu'au nez. On prend le bus pour traverser le pont et parvenir au coté jordanien. De nouveaux, quelques controles, quelqu'un nous attend pour poursuivre notre route vers Jerash. Le chemin est l'occasion pour moi de faire un cours sur l'histoire du Proche Orient au couple de costa ricains, assez novices en la matière. Le guide acquiesce et ajoute qu'ici, on croit que les arabes de Palestine reprendront leurs terres ancestrales lors d'une bataille avec des épées et des sabres, juste avant l'apocalypse. Il s'agit sans doute d'un mélange des récits de l'Apocalypse (Megiddo) et de désirs reportés à une échéance finale. Ça fait quand même un peu froid dans le dos, dans la mesure où le but à terme sous jacent est d'évincer les non arabes de Palestine (les passer par le sabre). Bon, ce n'est certes pas tout à fait nouveau, mais le chauffeur (car comme guide, je pourrais faire mieux) a l'air de dire que tout le monde pense ainsi ici.


De l'autre coté de la frontière, les plaines qui longent le Jourdain. Ici, pas d'agriculture intensive. D'un coté à l'autre du Jourdain, on passe des champs verts et irrigués aux terrains pleins de cailloux et de détritus, où errent des chèvres et campent des bédouins. Le keffieh rouge et blanc est de mise.


P1020323


On fait route vers Jerash , ville hellenistique et romaine avant l'époque byzantine. Pendant les premières romaines, cette ville fait partie de la "Decapole", une association de dix cités libres (dont aussi Philadelphie, l'actuelle Amman). Après la conquète romaine par Trajan, la ville s'enrichit (routes commerciales, plaines fertiles), puis c'est le déclin : au VIieme siècle, les byzantins détruisent une partie des temples pour y construire des églises, au VIIieme siècle, les perses pillent la ville, suivis par les arabes et des tremblements de terre.

P1020323

Arc de Triomphe d'Hadrien, construit après la visite de l'empereur

P1020323

Le stade

P1020375

Le forum (ovale)

P1020380

Le théatre


P1020384

Un ancien accès au théatre


Buffet ensuite avant de partir : c'est à nous de payer. Pleins de salades, de mezze : hoummous, aubergines, concombres, tomates, taboulé, puis poulet roti, un plat typique : riz avec des légumes et de la viande, le tout cuit avec le riz au dessus du reste puis présenté dans l'autre sens. Route ensuite vers Petra, par la route du désert : il fait déjà nuit, on appercoit juste à un moment les lumières d'une mine de phosphates (une des industries de la Jordanie). Hotel assez chic... je me fait reveiller à 5h15 du matin par l'appel à la prière, immanquable.


Visite de Petra : les images parlent d'elles memes. Couleurs incroyables, mélanges de teinte, jeux de lumière entre l'obscurité du canyon et les facades éblouissantes des tombes, rides dans les pierres, érosion qui forme des cavités, portes taillées dans le roc, bédouins vivant dans certaines grottes avec leurs chameaux et leurs anes, vendant toutes sortes de choses : cartes postales pour les enfants, randonnée à dos de chameau ou d'ane, de cheval arabe, pierres, colliers,... On arrive tôt, avant la floppée de touristes, le soleil est haut dans le ciel, le ciel est bleu profond.


P1020419

P1020422

Système de canalisation pour l'eau : les nabatéens, qui ont fait de ce site un lieu sacré ou ils enterraient leurs morts, un entrepot regorgeant de richesses, avaient des systèmes extremement complexes pour maitriser l'approvisionnement en eau. Ainsi, des barrages assèchent le canyon qui sert de voie d'accès à la vallée de Petra, entourée de montagnes, et l'eau de tout autour est deviée vers le centre de la vallée. Des systèmes permettent d'enlever le sable qui s'accumule dans l'eau, en le faisant se déposer au fond de petits réservoirs. La société nabatéene était semble-t-il une société égalitaire, sans esclaves. Après avoir longtemps résisté aux romains, ils finissent par tomber : les romains tentent de les asphyxier économiquement.


P1020427

P1020444

P1020460

P1020462

Le "trésor" : tout en haut de l'entrée de ce tombeau nabatéen (on peut remarquer les influences grecques et romaines, ainsi que perses, egyptiennes) se trouve une jarre de pierre en partie détruite par des impacts de balles. Les bédouins pensaient en effet qu'elle contenait de l'or d'un pharaon et tentaient de la percer...


P1020480

P1020489

P1020492

P1020510

P1020518

P1020523

P1020525

Dans l'après-midi, vers Amman par la route du desert : pierres sabloneuses. Le lendemain, on va voir la citadelle qui domine toute la ville du haut de l'acropole. Petites maisons couleur sable à perte de vue, grands batiments nouvellement construits, toujours les portraits du roi Abdallah et de son père Hussein, le plus grand drapeau du monde (il faut vraiment le vouloir pour tenir à ce point à en faire le plus grand du monde).

P1020415

Hussein et Abdallah, ici à Petra. On les voit dans différents habits, en keffieh rouge et blanc ou juste blanc, en militaires. Aussi : Abdallah avec sa femme et ses trois enfants (ou quatre ?) - sa femme palestinienne qui ne porte pas le voile.


P1020409

Mosquée construite en l'honneur du roi Hussein

P1020551

Du haut de la citadelle

P1020563

P1020588

P1020583 P1020573

Les ruines de la citadelle : mosquée, palais omeyyade et temple d'Hercule

P1020578

Copie de la stèle de Mesha (original au Louvre) : datée d'environ 850 avant J.C, elle évoque les relations entre les Moabites (habitant alors l'actuelle Jordanie) et les Israélites. La stèle est trouvée en 1868 par un alsacien, qui doit trouver de l'argent à Jerusalem avant de revenir l'acheter. Entretemps, les bedouins, voyant l'interet des francais pour cette stèle, s'imaginent qu'elle renferme un fabuleux trésor. Ils chauffent la pierre à blanc, l'arrosent d'eau froide pour la faire éclater : heureusement, l'alsacien a eu la bonne idée de faire des calques. (C'est la deuxième fois, les pierres, les bédouins : quels boulets !)





P1020623

Madaba : la carte de la Terre Sainte

P1020639

Madaba est connue pour ses mosaïques, ici une imitation de mosaïque

P1020643

Que de kitsh !

P1020663

P1020667

Vues depuis le Mont Nebo : c'est là que Moïse aurait pu voir la Terre Promise avant de mourir. Malheureusement, le jour est brumeux... vue limitée donc.

P1020687

Campement de bédouins, dans le nord de la Jordanie. On trouve dans ce coin aussi de très riches maisons, avec pleins de terrasses, d'étages, souvent appartenant à des palestiniens (désormais jordaniens). D'après le guide, les palestiniens sont plus travailleurs. On en trouve pas mal dans la haute fonction publique, parmi les plus grandes fortunes de Jordanie.

L'arrivée à Madaba est l'occasion d'entamer une conversation avec notre "guide" sur le voile : il y a vraiment énormément de femmes voilées, parfois seuls les yeux sont visibles derrière le tissus noir. D'après lui, c'est écrit dans le Coran : les femmes doivent se voiler. Notamment, si la femme est extrêmement belle, cela devient nécessaire, car sinon, les hommes voudraient tous la posséder (dans tous les sens du terme). Avec ce discours, qu'on ne vienne pas me dire que le voile est un symbole de pureté, de chasteté, etc : il n'est que l'expression d'une certaine conception des rapports entre hommes et femmes, où le désir bestial prime avant tout - excusez-moi du mot (mais si un homme ne peut se contenir en voyant une belle femme, je ne vois pas ce qu'on peut dire d'autre).


Le guide fait remarquer avec attention et sensibilité que l'été, il fait une chaleur terrible sous un voile noir. Mais il faut le supporter, car les flammes de l'enfer seraient bien plus difficiles à supporter, pendant l'éternité. Comme la vie terrestre n'est qu'une infime partie de la vie de l'esprit, on peut la mettre en exergue et justifier une vie de souffrance, l'idéal étant bien sûr de passer cette vie à prier. Pesant, comme philosophie.


Toujours d'après le guide : le Coran autorise aux hommes d'avoir plusieurs femmes, mais beaucoup d'interprétations insistent, dit-il, sur la nécessité de traiter toutes ces femmes également, ce qui justifie le fait de s'arrêter qu'à une seule (car après ça devient plus dur de les traiter également). Mais si un homme est très puissant, il peut avoir plusieurs femmes, plutôt que de faire des choses immorales. Son frère a eut plusieurs femmes, 6 en tout (mais l'une après l'autre), ce qui lui fait 24 enfants et 45 petits enfants (il a presque l'air envieux).


Échanges avec les jordaniens essentiellement basés sur l'argent : sourire au touriste-acheteur potentiel, insultes à celui qui n'achète pas. Arnaques courantes. J'ai l'impression d'être un réservoir à fric, c'est pas très agréable. Bref, la Jordanie c'est beau, mais on n'y resterait pas toute sa vie, et mieux vaut faire abstraction des gens et de leurs mœurs.


Arrivée en Israël : tout d'un coup, on peut souffler, ça fait de plaisir de se faire accueillir par des policières jeunes et épanouies !




* * * * * *

Et en bonus : une photo comme vous n'en verrez pas 36!

IMG_2364


Publicité
Commentaires
Publicité