Promenade en ville

Je suis censé donner un cours à mon élève cet après-midi, mais il a un bac blanc de SVT, donc n'a que moyennement envie de faire de la Physique et des Maths. Ses parents m'invitent à "passer Chabbat" chez eux : j'accepte et vais faire un tour avant de revenir en fin d'après midi (voir ici pour un plan : ça fait quand même pas mal de vélo !). C''est l'occasion de voir des endroits que je connais relativement bien, mais dont je ne me lasse pas et dont je n'avais pas forcément pris de photos (des lieux où je passe souvent, sans forcément m'arrêter). Ils habitent non loin de la "Colonie allemande", quartier assez vivant, dont le nom vient du fait qu'il fut construit par des Templiers à la fin du XIXième siècle. Aujourd'hui, c'est un lieu de sortie, avec pleins de restaurants, de cafés, des cinémas, des théâtres, mais l'on peut toujours voir des extraits de psaumes sur le fronton de certaines maisons. Belles maisons que je me suis fait un plaisir de photographier.

En continuant vers le nord, je remonte la King David Street : beaucoup d'hôtels, la tour de la YMCA (ci-dessous, à droite), le moulin de la colonie allemande.

J'arrive alors au centre ville (Jaffo Street, Ben Yehuda) et je continue toujours vers le nord, pour arriver à Mea Shearim par Ethiopia Street. C'est une petite rue très belle, qui porte son nom de l'église éthiopienne qui s'y trouve. A Mea Shearim, les enfants évitent d'être pris en photo.

Je continue vers l'est pour arriver dans le quartier arabe au nord de la Vieille Ville, puis vers le sud pour me retrouver face à la porte de Damas. Je longe ensuite les murs de la Vielle Ville : porte de Damas, porte d'Hérode, pour me retrouver ensuite dans le cimetière musulman à l'est qui surplombe la vallée de Jehosaphat : Porte des lions, Golden Gate (celle qui mène au Mont du Temple et qui a été scellée). 

Porte de Damas


A gauche : porte d'Hérode

 


Porte des lions


Porte dorée

Pensant bien faire, je m'enfonce dans la Cité de David : rues étroites, beaucoup de trafic, et surtout : ça descend bien plus que ce que j'aurais imaginé. Mais comme j'y suis déjà, je continue. Erreur. A un moment, c'est tellement pentu que je choisi de me prendre un mur plutôt que de m'écraser sur une voiture (les freins de mon vélo sont un peu défaillants). Résultat : quelques égratignures. Le principal problème, c'est qu'après la descente, il faut tout remonter : bien fatiguant. J'arrive à Abu Tor, qui est tout près de chez les Mazouz (où je donne les cours). Belles vues néanmoins depuis la Cité de David, et j'ai pu voir une passerelle de cordes entre Abu Tor et le Mont Sion...

Shabbat : j'accompagne le père à la synagogue à 18h45 (je suis arrivé juste à l'heure ; le fils va à une synagogue spéciale pour les jeunes manifestement). Tous parlent français : ce sont des tunisiens, comme le père (la mère est d'origine algérienne, de Constantine). Ensuite, repas de Shabbat. Un autre couple a été convié. Les discussions portent beaucoup sur la Kabbale (l'invité semble y connaitre un rayon, même s'il dit qu'il ne sait juste que la base) : dire que tout ca est parti de mes études et de mon stage en cosmologie. Eh oui ! D'après lui, le Zohar (Livre de la Splendeur, base de la Kabbale, la mystique juive) parle du Big Bang en son début : il y est en effet narré comment Dieu, qui est tout l'Univers (dans un sens résolument panthéiste), se contracte en une singularité pour engendrer en son sein la matière.  Celle-ci croit alors depuis cette singularité. Pour ce qui est de l'Homme, l'accent est mis sur le fait que c'est à lui de construire son monde : ainsi, la première chose que l'Homme fait après avoir été crée, c'est de nommer le reste de la Création. Ce qui est vu comme une première construction, organisation du monde par l'Homme, qui va devoir construire sa vie. Aperçu plutôt engageant du Zohar (même sans être croyant !)...

Un autre aspect de la Kabbale : découper l'histoire en fonction de la Thorah. D'après le Gaon de Vilna (XVIIIième siècle), chaque verset de la Thorah correspond a une année: le 1er verset "Bereshit Bara" correspond a l'an 1. Il aurait ainsi "prédit" la Shoah en faisant correspondre à la période du milieu du XXième siècle la parasha Ki Tavo. Celle-ci, après avoir énuméré des bénédictions passe à des malédictions que certains voient comme une prémonition de la Shoah :

Mais si tu n'ecoutes pas la voix du Seigneur ton Dieu, si tu n'observes et n'executes pas tous ses commandements et toutes ses lois que je te prescris aujourd'hui: alors toutes ces maledictions t'atteindront. [...] Le Seigneur te frappera d'inflammations, de fievre, de fievre chaude, de consomption; et aussi par l'epee; et aussi par la secheresse et le mildiou; ils te poursuivront jusqu'a ta perte. [...] Les cieux au-dessus de ta tete seront d'airain, la terre, sous toi, de fer. [...] Le Seigneur te livrera vaincu devant tes ennemis: par un chemin tu sortiras contre lui et par sept routes tu fuiras devant lui; tu seras un objet de terreur pour toutes les nations de la terre. [...] Ton cadavre sera la pature de tous les oiseaux du ciel et des animaux de la terre; nul ne les troublera.[...] Ton boeuf sera abattu sous tes yeux et tu n'en mangeras point, ton ane sera enleve devant toi et il ne te reviendra pas, tes moutons seront livres a tes ennemis et personne ne viendra a ton aide. Tes fils et tes filles seront livres a un peuple etranger, tes yeux verront, s'epuiseront pour eux, tout le jour, et ta main sera sans force.

La parasha venant juste après célébrant le retour à la Terre, ce qui est vu comme une référence à la renaissance de l'État d'Israël. Bon...

Après le repas, je rentre en passant devant la Knesset, qui est illuminée pour les 60 ans de l'État d'Israël.